LE TABLIER DE MAÎTRE INSTALLE
Les Tau inversés
La coutume de faire apparaître trois taus inversés et deux séries de sept pendeloques sur le tablier de Maître installé, ou Passé-Maître, est née au début du XIXe siècle, en Angleterre « Installed Masters » et ne concernait que des Vénérables Maîtres ayant réellement été reçus par leurs pairs lors d’une cérémonie dite « secrète », d’installation du Maître de Loge, en présence des seuls Passés-Maîtres. Cette cérémonie conférait à son bénéficiaire des signes, des mots et attouchements spécifiques, lui révélant une légende nouvelle et surtout lui faisait prendre un engagement d’une importance et d’une solennité particulière.
On sait que l’Installation secrète, dont les premières mentions remontent aux années 1740 en Irlande, et dont la première description rituelle fut documentée à 1760 en Angleterre, était aux yeux des « Antients » (membres de la Grande Loge dite des Anciens, fondée 1751) une tradition majeure, car elle permettait l’accès à ce qu’ils considéraient comme le sommet de la maçonnerie symbolique : l’Art Royal.
Très tôt, au début du XVIIIe siècle, l’installation du Maître de la loge a fait l’objet d’une attention particulière en raison de l’importance de son rôle. S’il n’est pas certain que dès 1723 il lui était transmis des secrets ou un grade spécifique lors de son installation, il ne fait pas de doute que vers 1760, la pratique d’une installation comportant des enseignements propres à la chaire de Maître était devenue très courante en Angleterre. Au début du XIXe siècle, les détails de cette cérémonie furent fixés : il s’agit de ce que l’on nomme en français, « l’installation secrète » du Vénérable Maître (on dit parfois « installation ésotérique » ).
L’installation secrète du Maître de Loge est donc une tradition maçonnique d’origine britannique. Parfaitement intégrée dans les usages maçonniques de la Grande-Bretagne, elle se pratique constamment lors de la prise de fonction de tous les Vénérables dans ce pays depuis au moins la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
Au XVIIIe siècle, cette cérémonie était inconnue en France. Cela ne signifie pas que le Vénérable Maître d’une loge n’ait pas possédé un grade réservé à cette fonction. C’est ainsi qu’à Paris, vers 1740, on connaît un grade « d’Ecossais des 3JJJ », dont le contenu ésotérique est étrangement proche de celui de l’Installation secrète anglaise. Ce grade fut présenté pendant un temps comme un grade de Maître de loge. De même, vers 1760, on a vu apparaître un grade dénommé « Vénérable Maître de toutes les loges », intégré plus tard dans le REAA (20ème grade). A cette époque, il était courant, notamment à Paris, jusqu’à la fondation du GODF en 1771, que le Vénérable Maître soit titulaire à vie de cette fonction, et détenteur de sa patente à titre personnel. Il s’agissait d’un grade que par définition on ne reçoit qu’une fois.
Lorsque des loges bleues du REAA furent établies à Paris en 1804, les Frères de ce Rite, qui venaient d’Amérique, apportèrent avec eux l’Installation secrète sous la forme du grade de Past Master, et le pratiquèrent.
LA CEREMONIE SECRETE
DANS LES RITES MACONNIQUES EGYPTIENS
Le 6 novembre 1787, CAGLIOSTRO et le rabbin, savant et kabbaliste, ABRAHAM le JUIF, membre de la Loge Ecossaise Primitive à Venise, (de l'Obédience de la Grande Loge d'Angleterre) fondèrent à Venise, avec des initiés Chevaliers d'Orient, Philosophes Inconnus, et autres initiés en Kabbale, l'Ordre Oriental de MISRAÏM, qui se nommait alors « le Rite Egyptien ».
Un nouvel élément digne d’intérêt précise que le 17 décembre 1789, le célèbre CAGLIOSTRO, de passage à Trente, non loin de Venise, transféra les hauts degrés hermétiques dits « échelle de Naples » au sein du rite de MISRAÏM, à qui il aurait donné patente, abandonnant les rituels de son propre Rite Egyptien, puis ceux du Rite Ecossais Rectifié et enfin ceux du Rite Ecossais, Ancien Accepté.
L’Ordre Oriental de Misraïm fondé notamment par des membres éminents de la Grande Loge d’Angleterre se devait d’en respecter la tradition en y intégrant les usages lors de la prise de fonction de ses Vénérables Maîtres.
Le rite de MISRAÏM est apparu pour la première fois en Italie, avec un double caractère.
Il était païen, plus exactement, « égyptien ». C’est-à-dire qu’il revendiquait une tradition spirituelle qui était antérieure à celle des trois théologies révélées incluses dans le catholicisme, dans le protestantisme et dans le judaïsme.
il était « occultiste », c’est-à-dire qu’il cherchait un contact direct avec le sacré, en cherchant des techniques d’expérimentation des mondes invisibles — kabbale, magnétisme, somnambulisme… — qui sont en contradiction flagrante avec les institutions religieuses qui ont le monopole des accès au sacré.
MISRAÏM va donc être fréquenté par des maçons ayant ce double souci de régénérer la théologie par la théurgie, la connaissance de la nature par des expérimentations concrètes des données métaphysiques, l’anthropologie par la dimension nocturne et inconsciente de la psyché humaine.
Compte tenu de ses spécificités, ses loges réunissaient des Maîtres qui avaient reçu l’Installation secrète, c’est-à-dire les enseignements traditionnels réservés à ceux qui avaient occupé la Chaire de Vénérable Maître d’une loge.
TABLIERS DE MAITRES DE RITES EGYPTIENS



Sur ce tablier de Maître maçon vient se surajouter deux séries de 7 pendeloques. Différentes interprétations ont été avancées justifiant de cet ajout.
Sur le tablier de Maître, nous trouvons les deux signe maçonniques M et B correspondants aux mots substitués Mac Benach ou Mohabon.
Sur le tablier de Vénérable Maître administrativement installé, seuls les Taus sont présents. Cela paraît illogique, d’autant que ce mot substitué réapparait symboliquement sur la tablier de Maître installé, cette fois sous l’aspect deS sept pendeloques symbolisant hermétiquement les sept lettres du mot substitué, ainsi que les sept lettres du mot des Maîtres installés.
Nous retrouvons la symbolique du nombre 7 du troisième grade qui évoque probablement la progression de la connaissance maçonnique (4 nombre du corps) et (3 nombre de l’âme).
Sept rendent la Loge juste et parfaite.Sept ans et plus, l'âge du maître.
Le prestige du nombre 7 est bien connu chez les hermétistes, les kabbalistes et bien d’autres dont les astrologues. Pour les anciens, probablement depuis les Chaldéens le sept représente dans toutes les philosophies cosmogoniques, le symbole intégral de l’harmonie dans le monde sensible.
Lors de l’expansion maximale de la Grande Loge Unie d’Angleterre, sous la reine Victoria, le tablier à pendeloques connu un succès phénoménal dans tout l’Empire Britannique et au-delà, les loges américaines adoptèrent également ce type de tablier jusqu'à nos jours.

On retrouve également pendeloques et Taus sur les Tabliers des Grands Officiers nationaux et sur celui des Grands Maîtres de la Franc-maçonnerie régulière, ainsi que sur celui de notre regretté Frère Robert Ambelain, exposé dans le Musée du Grand Orient de France.
